Pour une nouvelle politique de jeunesse.

Par | on 5 novembre 2015 | 0 Comment

La réduction des dépenses publiques va impacter toutes politiques à destination des jeunes.

LES LIMITES DE LA « PRIORITÉ À LA JEUNESSE » SEMBLENT ATTEINTES.

Des annonces en faveur des jeunes très secondaires viennent d’être faites. Des mesures en faveur de la jeunesse ont été présentées aux « représentants » de la jeunesse au Conseil économique, social et environnemental (CESE)[1]. Les mesures existantes ont atteint leurs limites. Rien de plus ne semble devoir être engagé, faute de moyens, pour les années 2016-2017. Le développement, réalisé depuis des décennies, de divers avantages accordés aux jeunes semble en voie de s’achever, au moins pour les années à venir.

LES ANNONCES FAITES EN FAVEUR DES JEUNES SONT TRÈS SECONDAIRES.

Les annonces faites concernent des mesures très secondaires, même si certaines semblent de bon sens. Elles concernent les points suivants.

Le « contrat de génération » n’a pas atteint ses objectifs tant quantitatifs que qualitatifs. Seuls 40 000 contrats signés, depuis le début de cette formule, mais bien moins en fonctionnement, par apport à un objectif initial de 100 000 par an.

L’extension de l’âge limite du Contrat jeune majeur (CJM), accordé à des jeunes en rupture familiale, au-delà de 21 ans, concerne peu de jeunes.

La réforme de la « Journée défense et citoyenneté » (ex-JAPD) pour « favoriser l’accès à la formation » transforme la nature de cette journée sans apporter grand-chose. Les professionnels voient mal l’intérêt d’un tel projet, car informer les jeunes en collectif et avec un encadrement restant à préciser semble sans grande efficacité[2].

La généralisation de la « garantie jeune » annoncée semble hâtive sans attendre d’avoir pris le recul nécessaire pour juger sérieusement de l’efficacité de cette mesure.

L’ouverture d’Erasmus aux apprentis et alternants concernera peu de jeunes[3].

L’année de césure dans les études supérieures pour mener des engagements, dont le service civique, existent déjà dans les faits ; un texte réglementaire de plus sur ce thème ne semble pas devoir apporter grand-chose.

L’augmentation du nombre de jeunes en service civique, devenu « universel », est un objectif qui demandera du temps pour être atteint si l’on souhaite conserver les caractères d’origine de cette formule. D’une part, les structures d’accueil publiques sont déjà bien engagées et, d’autre part, beaucoup d’associations se trouvent dans des situations économiques difficiles produites par la réduction des dépenses publiques[4].

La nouvelle « prime d’activité » devrait concerner des jeunes travailleurs de moins de 25 ans. Il faut attendre la mise en place de cette mesure en 2016 pour mesurer le nombre de jeunes bénéficiaires réellement concernés[5].

Ces dernières mesures ne suffisent pas à donner un souffle au politique de jeunesse. Leur point commun est de correspondre à un coût zéro, dans une période de réduction des dépenses publiques. Même le budget global de la « prime d’activité » est limité par principe à 4 milliards d’euros pour l’ensemble de ses bénéficiaires, avec des perdants et des gagnants.

LES MESURES EXISTANTES PIÉTINENT.

Parmi les mesures nouvelles prises en faveur des jeunes, depuis 2012, on note que le contrat de génération a échoué à dépasser un seuil significatif. Près de 700 000 emplois pour les jeunes de moins de 25 ans bénéficiaient, à fin 2014, des politiques publiques dont 140 000 contrats aidés (CAE et emplois d’avenir) et 556 000 contrats d’alternance : l’objectif des « emplois d’avenir » a été globalement atteint. Il ne s’agit pas d’une mesure pérenne. Le nombre de signataires de nouveaux contrats d’emplois d’avenir va désormais décroitre de manière progressive. Les contrats en cours se poursuivront pour la durée prévue, mais l’impact sur les jeunes arrivants sur le marché de l’emploi va décroître. Le nombre des entrées de jeunes en contrats d’apprentissage diminue depuis trois ans.

Enfin, les structures et les initiatives destinées au soutien à des décrocheurs scolaires (École de la deuxième chance (E2C), EPIDe, parrainage, etc.) sont utiles, mais elles n’ont pas connu un réel développement quantitatif.

La « priorité » qui devait être accordée à la jeunesse, en particulier dans le domaine de l’emploi, ne l’a pas été.

UNE NOUVELLE POLITIQUE DE JEUNESSE EST POSSIBLE.

La politique de jeunesse devrait prendre en compte l’ensemble des jeunes :

  • S’occuper de tous les jeunes et ne pas se limiter seulement aux jeunes sans qualification, aux résidents dans les quartiers prioritaires, etc., sans les oublier les difficultés de ceux-ci. Des mesures importantes et symboliques doivent concerner tous les jeunes (par exemple, concernant le numérique, la santé, le permis de conduire).
  • Considérer la diversité de situation des jeunes, c’est-à-dire reconnaitre que les jeunes sont très divers en fonction de multiples critères (âge, formation, etc.). Par exemple, la situation des jeunes : en cours d’études, inactif, actif en emploi ou en recherche d’emploi.
  • Porter l’âge qui borne les politiques de jeunesse à 29 ans. Il faut constater que la barrière des 24 ou 25 ans existante dans les textes, comme dans les statistiques, est dépassée pour tenir compte de la réalité actuelle de prolongation des études et de l’entrée dans la vie active au-delà des 24 ans.

Intégrer les jeunes bacheliers et les diplômés du supérieur dans la politique de la jeunesse, car ils représentent actuellement 77,5% d’une génération.

[1] Le groupe des Organisations étudiantes et mouvements de jeunesse au CESE est présidé par Azwaw Djebara (Union nationale des étudiants de France – UNEF) et les représentants de la FAGE, d’Unis Cité et des Scouts et Guides de France. Quelque doit la qualité effective des personnes nommées au CESE, ce groupe n’est évidemment pas représentatif de la jeunesse.

[2] Le ciblage des jeunes sortis du parcours scolaire ou en cours d’orientation change la nature même de cette journée.

[3] Des années dans les pays européens existent d’ailleurs déjà avec l’expérience des Compagnons du devoir et du tour de France.

[4] En particulier, de nombreuses associations se trouvent frappées de plein fouet par la baisse de leurs subventions découlant de la diminution des dotations des collectivités locales engagée pour 2015-2017.

[5] En raison d’une mesure restrictive, les étudiants et apprentis devront être rémunérés à plus de 0,78% du SMIC pour en bénéficier. Cette condition limitera évidemment le nombre de bénéficiaires.

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