Pour une lecture de l’idéologie islamiste.

La dénonciation de l’islamisme semble aujourd’hui faire l’objet d’un consensus[1]. Au-delà des mesures de sécurité renforcée et de l’engagement militaire français au Moyen-Orient, il apparaît indispensable de tenter de bien comprendre l’idéologie islamiste pour y apporter une réponse.

En examinant les idées défendues par les divers mouvements islamistes actuels (Al-Qaida, Groupe Etat Islamique, Boko Haram, etc.), on peut tenter d’en établir une synthèse. Il est nécessaire de se dégager des débats intellectuels, menés par des spécialistes, ou prétendus tels, concernant l’islamisme où l’on rencontre des discussions sur le sens de chaque mot (« djihadistes », « takfiristes », « salafistes », etc.), sur le contexte historique et géopolitique, voire des propos allant même jusqu’à une négation de l’existence même de l’islamisme !

L’islamisme est une véritable idéologie politique fondée sur l’application rigoureuse de la charia et vise la création d’états islamiques, comme cela a été le cas de l’Iran, depuis la révolution de 1979 avec l’instauration d’une République islamique. L’Iran reste un des rares pays à être une théocratie, c’est-à-dire que le pouvoir, censé émaner de Dieu, réside dans les mains du clergé.

Au-delà des différences réelles selon les groupes, les lieux ou le temps, l’islamisme apparaît pourtant dans sa réalité idéologique et politique avec des idées partagées.

L’IDÉOLOGIE ISLAMISTE REPOSE SUR DES OBJECTIFS CLAIRS  

 

L’idéologie islamiste peut se résumer en quelques points principaux : 

  1. L’islamisme idéalise un retour à un islam médiéval (autrement désigné comme « islam des origines »[2]). Il prétend transcrire une « révélation divine » en termes politiques. 

Les islamistes prônent une rupture violente avec l’ordre établi et ont pour but est de s’approprier l’appareil d’État.

Ils veulent contrôler les consciences individuelles en menant un endoctrinement totalitaire et en réprimant tout comportement non conforme au travers d’une police politique (jusqu’à imposer des tenues vestimentaires conformes à leurs choix).

  1. L’islamisme souhaite l’instauration d’un droit « révélé », c’est-à-dire le strict retour aux textes de base de l’islam et l’application de la loi islamique (la Charia[3]). Ce qui implique à la fois des règles de droit, et une organisation globale de la société. L’islamisme défend l’idée que la loi islamique doit primer sur celles des pays laïques et être la source unique du droit et du fonctionnement de la société. La charia comprend entre autres les châtiments corporels : mains tranchées, coup de fouet, etc.
  2. L’islamisme impose aux femmes un statut inférieur à celui des hommes, qui se traduit par le refus de la mixité homme femme, l’absence des droits, le port du voile intégral, etc.
  3. Son idéologie est messianique. Elle vise à unifier la communauté musulmane dans le monde au sein d’un nouveau « califat » du Maroc à l’Indonésie.
  4. L’islamisme vise la destruction, ou la conversion, des non-musulmans : chrétiens, juifs ou « sans religion ». Les régimes existants, imprégnés de valeurs occidentales, doivent disparaître et l’ennemi à combattre n’est pas seulement le « croisé » ou le « mécréant », mais également le musulman modéré.
  5. L’islamisme jette l’anathème (takfir, en arabe) contre les musulmans qui ne suivent pas l’idéologie islamiste, c’est-à-dire qui séparent clairement le domaine spirituel de celui du temporel. Ce qui concerne tous ceux qui exercent leur pratique religieuse dans le cadre de la sphère individuelle, acceptent les règles démocratiques et reconnaissent la légitimité des pouvoirs en place.
  6. L’islamisme est une idéologie ultra violente qui appelle à mener une guerre contre tous ceux qui ne lui prêtent pas allégeance[4]. Dans cette guerre, il ne distingue pas entre soldats et civils. La communication médiatique des groupes d’Al-Qaïda ou du Groupe Etat Islamique est centrée sur la diffusion de vidéos d’exécutions sanglantes (décapitations, prisonniers brulés vifs, etc.), l’esthétisation de la guerre en vue d’intimider ses ennemis. Une illustration de cette ultra violence est le « culte du martyr », qui idéalise la mort sacrificielle de celui qui est entré dans le monde de l’ennemi[5].

L’IDÉOLOGIE ISLAMISTE EST EN CONTRADICTION AVEC NOS LOIS.

L’idéologie islamiste est en totale contradiction avec nos valeurs, la constitution de la République française et toutes nos lois. De plus, les incompatibilités entre le droit musulman et le droit européen ont été actées par la Cour européenne des droits de l’homme. Pour illustration, un arrêt du 31 juillet 2001[6], a confirmé l’incompatibilité du régime démocratique avec les règles de la charia.

L’idéologie islamiste est en pleine opposition avec les principes de la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen de 1789, confirmée et complétée par le préambule de la Constitution de 1946 :

  • L’idéologie islamiste ne distingue pas le domaine temporel et le domaine spirituel.
  • Elle nie l’égalité entre les sexes.
  • Elle refuse de reconnaître et d’accepter la différence entre les croyants, comme les non-croyants, et la diversité des choix de vie.
  • Elle combat le droit à la liberté d’expression et refuse le respect de l’autre.

Ces constats concernent à la fois aux groupes islamistes terroristes et les gouvernements des pays islamistes, comme l’Arabie Saoudite, l’Iran, le Qatar ou le Soudan. Même si ces états ne menacent pas aujourd’hui directement pour la France, on ne peut se passer de faire la critique de ces régimes tant leur idéologie conduit à une organisation sociale en contradiction avec nos valeurs.

Les groupes islamistes terroristes ont déclaré la guerre à notre modèle de société, comme ont pu le faire des idéologies totalitaires des temps passés : anarchisme, communisme, puis, nazisme. Ils ont adopté une démarche de conquête territoriale (en Irak et Syrie, en Egypte, en Libye, au Nigéria, en Somalie, au Yémen, etc.) et organisent des attentats – crimes de guerre – au sein même des pays occidentaux, dont la France.

Une guerre est donc ouverte. L’un de ses volets sera idéologique.

 

[1] « Nous avons un ennemi et il faut le nommer, c’est l’islamisme radical et un des éléments de l’islamisme radical, c’est le salafisme » – Manuel Valls, mercredi 18 novembre 2015, à l’Assemblée nationale.

[2] Le « salafisme » est un mouvement politique revendiquant un retour à l’islam des origines.

[3] La Charia est une loi canonique islamique régissant la vie religieuse, politique, sociale et individuelle, appliquée de manière stricte dans certains états musulmans, comme l’Iran, l’Arabie saoudite, le Pakistan, l’Afghanistan, l’Iraq, le Yémen, Oman, les Émirats arabes unis, le Soudan et les états du nord du Nigeria, etc.

Le niveau, l’intensité et l’étendue du pouvoir normatif de la charia varie selon les pays et les périodes. La charia a été codifiée dans un livre de lois fondées sur les sources classiques de l’Islam que sont le Coran, les hadiths et la Sunna.

[4] La division du monde historique entre le « dar al-Islam » (la terre islamique, le califat) et le « dar al-Harb » (la terre à conquérir) est remise à l’ordre du jour.

[5] L’« infiltré » porte une ceinture d’explosif et combat jusqu’à se donner la mort, « en martyr »

[6] Refah Partisi c. Turquie http://hudoc.echr.coe.int/eng#{« dmdocnumber »:[« 702044″], »itemid »:[« 001-64174″]} .

« À l’instar de la Cour constitutionnelle, la Cour reconnaît que la charia, reflétant fidèlement les dogmes et les règles divines édictées par la religion, présente un caractère stable et invariable. Lui sont étrangers des principes tels que le pluralisme dans la participation politique ou l’évolution incessante des libertés publiques. La Cour relève que, lues conjointement, les déclarations en question qui contiennent des références explicites à l’instauration de la charia sont difficilement compatibles avec les principes fondamentaux de la démocratie, tels qu’ils résultent de la Convention, comprise comme un tout. Il est difficile à la fois de se déclarer respectueux de la démocratie et des droits de l’Homme, et de soutenir un régime fondé sur la charia, qui se démarque nettement des valeurs de la Convention, notamment eu égard à ses règles de droit pénal et de procédure pénale, à la place qu’il réserve aux femmes dans l’ordre juridique, et à son intervention dans tous les domaines de la vie privée et publique conformément aux normes religieuses. »

Description de l'auteur

0 réponse to “Pour une lecture de l’idéologie islamiste.”

Laisser une réponse

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Required fields are marked *

*


Inscrivez-vous à la newsletter de www.blog-republique.fr

  • Une seule newsletter par mois
  • Pas de spam
  • Votre adresse email ne sera jamais divulguée