Pour une nouvelle politique d’orientation initiale

LE SYSTÈME D’ORIENTATION ACTUEL FONCTIONNE MAL

En matière d’orientation, on constate que plusieurs systèmes de référence s’interpénètrent aujourd’hui : l’éducation nationale avec les services d’orientation et les enseignants, les familles : parents et environnement, les associations de parents d’élèves, les associations familiales, les associations d’anciens élèves… , le secteur commercial avec des organisateurs de salons, des éditeurs de presse spécialisée, des sites Internet… , l’information émise par les branches professionnelles sur les profils recherchés et les recrutements.

Ce système actuel fonctionne mal et on note que l’orientation contribue à produire des échecs scolaires et/ou universitaires et des phénomènes de discrimination sociale, raciale et/ou sexiste.

L’information sur les filières, les établissements et les débouchés est mieux connue par les milieux favorisés au moins sur le plan social et/ou culturel[1]. Les jeunes issus de milieux ruraux, défavorisés et/ou issus de l’immigration ne sont pas en mesure de faire un choix positif et sont victimes de choix par défaut. Beaucoup de jeunes échouent dans leurs études[2]. Mais d’autres phénomènes se produisent : si la féminisation de certaines professions (magistrature, médecine ou enseignement) progresse, d’autres professions d’avenir restent fermées aux femmes[3] par défaut d’orientation. Une nouvelle politique de l’orientation scolaire et professionnelle s’impose.

LES INFORMATIONS SUR LES SORTIES DU SYSTEME ÉDUCATIF DOIVENT ÊTRE DISPONIBLES

Toutes les informations ne sont pas disponibles en ce qui concerne le suivi et le succès aux études pour mettre en évidence les parcours à promouvoir. La connaissance des débouchés par filières est insuffisante. La continuité des informations sur un jeune est très vite rompue : par un déménagement, un changement d’établissement, le passage par du public au privé ou l’inverse ou plus simplement un changement de cycle d’études. Il faut mettre en place un réel programme de suivi pour répondre des questions de base.

La diffusion de l’information doit être centrée sur Internet moyen gratuit de diffusion consultable à domicile, dans les établissements ou dans tous les lieux de libre consultation. Il faut y avoir été formé préalablement pour que les jeunes et les familles y accordent le temps nécessaire. Les documents imprimés doivent être intégralement revus en fonction des objectifs à atteindre ; la règle de gratuité à tous les niveaux doit être de mise[4].

LES STRUCTURES D’ORIENTATION DOIVENT ÊTRE INDÉPENDANTES DE L’ÉDUCATION NATIONALE

La conduite d’une politique nouvelle d’orientation scolaire et professionnelle gagnerait à être menée par une structure interministérielle dépendant directement du premier ministre. La liaison avec les Ministères de l’Emploi, de l’Agriculture, de l’Industrie, des PME… est essentielle à côté du lien avec l’Éducation nationale. Il est nécessaire d’apporter une information qui prenne en compte ce qui n’est pas du ressort de l’éducation nationale (et qui est aujourd’hui occulté) : l’enseignement privé, l’apprentissage, les contrats de qualification… Les personnels de l’Éducation nationale des actuelles structures (ONISEP, DRONISEP, CIO et SCUIO…) pourraient être mis à disposition, à leur demande, de nouvelles structures d’orientation. Le CEREQ pourrait être directement rattaché à cette structure interministérielle qui aurait à coordonner las travaux de la DPD et de l’INSEE sur ces sujets[5].

Le système public d’orientation[6] doit avoir une vocation universelle, c’est-à-dire à informer sur toutes les situations et toutes les solutions. Le Service Public d’Orientation scolaire et professionnelle doit avoir une nature interministérielle[7], et être dirigé par une : « Délégation interministérielle à l’Orientation scolaire et professionnelle (DIOSP) ».

UN NOUVEAU DISCOURS SUR L’AVENIR DE LA JEUNESSE DOIT ÊTRE TENU

Le nouveau discours à tenir sur l’orientation devrait être celui de la réalité. Même s’il est évident que la réalité ne doit pas exercer une dictature et chasser tous les rêves.

Il s’agit par exemple de dire que seuls 5% des jeunes bacheliers professionnels engagés dans des études universitaires obtiendront le DEUG tandis qu’ils ont des chances de décrocher un BTS. Il peut être engagé pour intervenir sur « les modes » d’orientation, par exemple pour éviter le remplissage surabondant des filières de STAPS.

Le « discours à tenir aux jeunes » en matière d’orientation et d’insertion doit évoluer par rapport à celui tenu historiquement par l’Éducation nationale : aborder la question de la légitimité et de l’intérêt de la poursuite des études,

  • Choisir la répartition socialement et économiquement souhaitable entre les filières (générale, technique et professionnelle), définir les acquis minimaux à satisfaire dans les cursus, clarifier auprès des élèves ce qu’est le travail et une carrière professionnelle[8]

Cette politique recouvre des mesures différentes : introduire une « pédagogie du choix » au niveau des familles et des jeunes, appuyer l’orientation sur une évaluation des connaissances indépendante des établissements d’enseignement (ou formaliser les contrôles d’évaluations en CM2 et 6e[9]), tout nouveau diplôme professionnel[10] devrait comporter un volet insertion professionnelle dans son dossier.

Les informations sur les sortants du système éducatif doivent être accessibles pour les recruteurs[11] : nombre de sortants, lieux… nouvelles filières

UNE NOUVELLE POLITIQUE DE L’ORIENTATION NÉCESSITE QUELQUES CONDITIONS

Les conséquences d’une nouvelle approche de l’orientation scolaire et professionnelle sont multiples :

  • La responsabilisation des jeunes et des familles dans les choix d’orientation,
  • La réduction du nombre de jeunes en situation d’échecs scolaires[12] ou universitaires,
  • La réduction de la durée moyenne des études[13] et donc de l’âge d’entrée dans la vie active, l’abaissement de l’âge d’entrée dans la vie active est un moyen de pallier la baisse démographique conjuguée aux départs en retraite. Il s’agit donc d’un objectif social majeur.
  • La variation des effectifs des filières (donc éventuellement la fermeture de classes[14]), ces modifications des filières de formation s’accompagnent d’une évolution dans les taches des personnels.
  • L’entrée dans une période de forts départs en retraite est une occasion.
  • Sur ce dernier point, le service public d’orientation a vocation à devenir un acteur direct de l’évolution de l’école.

L’objectif est à la fois d’apporter une satisfaction aux jeunes et à leur famille par rapport à leur parcours et aux débouchés, de concentrer le budget de l’Éducation nationale sur les éléments essentiels de sa mission et d’apporter les meilleures réponses aux demandes du marché du travail.

Une réforme bien menée de l’orientation peut être conduite sans se heurter frontalement aux appareils syndicaux de l’Éducation nationale. Elle doit recevoir le soutien des familles et des jeunes en s’appuyant sur la dénonciation de l’école de l’échec et sur la principale préoccupation : l’insertion professionnelle des jeunes.

[1] Les enfants des enseignants sont globalement privilégiés par la connaissance du système.

[2] Par exemple, 100 000 jeunes (15% d’une classe d’âge) échouent chaque année en premier cycle universitaire.

[3] A titre d’exemple, remarquons que les jeunes femmes restent orientées vers les bac + 2 de secrétariat tandis que les jeunes gens partent vers l’informatique.

Si les jeunes femmes ne saisissent pas la voie de l’informatique ce n’est pas par la pénibilité du secteur mais en raison d’une insuffisance flagrante du discours de l’appareil d’orientation.

[4] Les publications de l’ONISEP ne sont gratuites que jusqu’au collège. Pour les niveaux ultérieurs elles sont payantes. Il faut restreindre les publications papier à l’essentiel et y adjoindre les informations en ligne consultable par tous sur Internet.

[5] Au-delà de leur qualité, ces travaux peuvent apparaître comme redondants et parfois contradictoires voire insuffisant en particulier en matière de suivi des parcours.

[6] L’orientation est une question du ressort de l’Etat ; elle ne peut être confiée au secteur privé car elle n’obéit pas à une logique marchande. Les acteurs privés intervenant dans le champ de l’orientation dépendent étroitement de leurs financements publicitaires c’est à dire principalement des écoles privées et des organismes de formation privés.

[7] Par exemple sous la forme d’une « Délégation Interministérielle à l’Orientation Scolaire et Professionnelle (DIOSP) ».

[8] Le contenu de cet enseignement porterait sur le public et le privé, le travail, un déroulement de carrière, la mobilité professionnelle, l’importance des attentes des recruteurs,

[9] Rappelons que les évaluations ne sont pas menées par l’ensemble des enseignants sans qu’aucune sanction ne soit prise à l’encontre des enseignants qui ne respectent pas les instructions !

[10] Tous les diplômes n’ont pas une vocation à être professionnels.

[11] L’ONISEP n’a aujourd’hui aucune mission d’information des employeurs.

[12] La réduction du stock des 60 à 100 000 jeunes, selon les statisticiens, sortant sans diplôme du système éducatif doit être l’un des objectifs du système d’orientation scolaire et professionnelle.

[13] L’âge souhaitable de début de la vie active doit être estimé en fonction de la durée d’activité imposée par les cotisations de retraites soit 42 ans dans le privé.

Un âge moyen de début d’activité autour de 24 ans impose une retraite pleine à 66 ans en moyenne ! Alors qu’un âge moyen autour de 22,5 ans et une durée de cotisation de 37.5 ans amenait à une retraite à 60 ans.

[14] La fermeture de classes, par exemple de la STS préparant le BTS « matériaux souples » (industries textiles), de filières surabondantes de secrétariat ou d’apprentissage des métiers de la coiffure doit être envisagée.

Dans ce dernier cas, il est notoire que l’on le nombre d’apprenti(e) est le double de celui des postes disponibles dans la profession.

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